jeudi 26 mars 2009

En hommage à un ami.

Presque 50 ans séparaient nos dates de naissance, nous étions cependant amis. C'est un homme qui avait de l'or dans les mains. Que ne savait-il faire de ses dix doigts ?

Il se présentait lui même comme un "fainéant, cherchant sans cesse des astuces pour se faciliter le travail."(sic)

Je suis heureux de pouvoir présenter le travail d'un enfant de Poix.

Désiré Vasseur dit "Dédé" est né le 10 décembre 1914 à Poix-de-la-Somme (80). Il s'est éteint le 29 décembre 1999 à Poix-de-Picardie (80). Il fut artisan photographe de 1945 à 1967 à Poix et Hornoy-le-Bourg.
C'est sa vision artistique de notre ville qui m'a été confiée par sa veuve Yvonne et que je publie avec son autorisation.
Le Pont de la route d'Abbeville

Coucher de soleil sur le cimetière

Panorama (inversion du négatif qui place le viaduc à droite de l'église)

Dans le givre, l'église Saint Denis

L'Eglise échaffaudée au sortir de la guerre de 40

Vitraux détruits, vue sur la campagne.

Les remparts et la montée de l'église

Du Frayer.

La Poix sous la neige.

La source


Le pont à brebis.

Salut l'artiste ! et merci.

A consommer avec modération

J'ai retrouvé tout à fait par hasard, insérée entre les pages d'un vieux livre à la tranche dorée, une publicité d'un établissement qui fut le premier supermarché de Poix.


La maison NICOLAS, célèbre négoce de vins annonçait à l'approche des fêtes de fin d'année ses promotions.


Le dépositaire, Gérard Robitaille avait son commerce installé rue Charles Méhaye à POIX, emplacement de l'actuel POINT VERT. Il y a quelques années, c'était le supermarché CODEC.


De quand date cette "Réclame"? : L'indication des prix en Nouveaux Francs et le millésime des vins (1955 à 1959) permettent de dater cette publicité à 1960.

Pourquoi ? D'une part parce que le Nouveau Franc qui est le centième de l'Ancien Franc a vu le jour le 01 janvier 1960, mais également par le millésime du Sylvaner de 1959. Le blanc sec d'Alsace étant un vin qui se boit jeune (dans les deux ans pour conserver son caractère), la probabilité est très grande pour qu'il s'agisse de Novembre-Décembre 1960.

La page 4 de la publicité donne quelques conseils de dégustation. Probablement l'une des premières "foire aux vins" organisée à POIX.

mardi 24 mars 2009

Le temps des héros

La Marne, Verdun, L'Aisne et son chemin des Dames, la Somme... dont les combats furent les plus sanglants d'entre tous... Ressortir indemne de toutes ces batailles de quelque côté du Rhin que l'on soit né est quelque chose d'invraisemblable.

Voici une tranche de vie du soldat de première classe Pierre Laffite, menuisier de son état, habitant de Poix; mon grand père.


Son livret militaire stipule dans la rubrique "campagnes" la simple mention """contre l'Allemagne du 4.8.1914 au 29.3.1919; 4 ans 7 mois""". Dans celle des blessures, actions d'éclat, citations : """Cité à l'ordre du Régiment le 12.5.17""" et dans la rubrique Décorations :""" Croix de guerre, étoile de bronze."""

La censure militaire interdisait aux poilus d'informer leurs familles du lieu où ils se trouvaient. Impossible donc de retracer le parcours exact de mon aïeul sur les champs de batailles de 1914 à 1918. Les médailles commémoratives qu'il a obtenues sont désormais les seuls témoins de sa présence au front pendant ces longues années de guerre et du miracle de sa survie qui me vaut aujourd'hui de pouvoir écrire ces lignes.
On sait par exemple que sa première affectation dès sa mobilisation fut le 251° régiment d'infanterie. Au soir du 13 septembre 1914, sa compagnie est réduite à 13 hommes sur 250. Il allait encore tenir quatre ans et demi dans cet enfer.
Son jeune frère André n'eut pas la même chance. Tué en 1916, il est inhumé en Belgique. Il ne fut pas possible de rapatrier son corps. Son nom est gravé sur le monument aux morts de Poix.

La croix de Guerre délivrée aux combattants de la grande guerre. Le ruban vert et rouge indique qu'il s'agit de la guerre de 14-18, l'étoile que son porteur a obtenu une citation (félicitation d'un haut niveau dans l'ordre des récompenses militaires)

La citation obtenue en mai 1917 semble correspondre à l'offensive sur le chemin des Dames où le plan du général Nivelle a fait 200 000 morts dans le camp Français.

C'est suite à cette grande tuerie que ce sont développées les mutineries dans l'armée Française concentrées sur le chemin des Dames et le front de Champagne.

La chanson de Craône (du nom d'une commune située sur le chemin des dames) montre l'exaspération des troupes :

http://www.dailymotion.com/video/x30dzv_chanson-de-craonne_events


Le front de Champagne, il en fut également l'un des acteurs.

L'une des bataille les plus meurtrière, Verdun

163000 morts côté Français, 143 000 côté Allemand. Une bataille si coûteuse en vies humaine pour un résultat militaire nul. 80% des victimes causées par l'artillerie. La survie aux bombardements était la principale occupation des troupes. 70% des "Poilus" sont passés à Verdun par rotation. Un livre d'or comporte le nom de tous les soldats qui ont participé à cette bataille.




En 5 mois la bataille de la Somme aura tué, blessé ou mutilé plus d'un million d'hommes.

Quatre années et sept mois de vie compensées par quelques grammes de bronze à une époque où l'on avait le sens de la Patrie...
Quelques régiments sont passés par Poix où ils étaient mis "au repos" avant de retourner sur les champs de bataille.

Les souterrains de Poix en portent encore les traces gravées dans la craie.


Le graffiti d'Aldophe Courtaux, fanfariste au deuxième bataillon de chasseurs à pied reprend le 13 juin 1916, la déjà célèbre citation du général Pétain figurant sur son ordre du jour du 10 avril 1916 à Verdun " Courage, on les aura !".
Je me souviens des 11 Novembre de mon enfance où les élèves des écoles primaires chantaient sous la direction de monsieur PLANTEGENET, instituteur des CM1 , l'hymne à la joie ou le chant des partisans. Un hommage de la Cité à ses enfants.

jeudi 19 mars 2009

Frères d'armes

Ils l'appelaient la der. des der. , la Grande Guerre. Ils en parlaient peu gardant au plus profond d'eux même le souvenir de l'immense boucherie dont ils furent les témoins; les acteurs ; les miraculés... mais tous les victimes.

Neuf millions de morts, huit millions d'invalides. Une génération complète de jeunes hommes sacrifiée.

Pour ceux qui allaient devoir réapprendre à vivre, oublier l'odeur du sang, les cris, les pleurs se sont noués des liens d'amitié que soixante années d'éloignement n'ont pas entamé.

Au décès de mon "poilu" de grand-père, Pierre Laffite dans sa 93ème année en 1978, son camarade de tranchées Claude Mignaval de 10 ans son cadet a adressé à ma mère la lettre que je recopie ci-dessous dans son intégralité.


""""Chère madame,

Je vous remercie de m'avoir fait l'amitié de penser que vous me feriez plaisir en m'envoyant la coupure de journal où est évoquée la vie admirable de votre père.

Je l'ai lu et relu avec beaucoup d'émotion.

Quand j'ai rejoint votre père au 332 ème régiment d'infanterie au printemps de 1917, je n'avais pas encore 20 ans : il en avait alors un peu plus de 30

Son expérience de la terrible vie du front m'a été d'un grand secours lorsqu'il a fallu se préparer et prendre part à l'offensive du 20 août 1917, au bois des Caurières en avant de Verdun, où nos camarades ont été tués par centaines.

Quand, à quelques temps de là, au repos à l'arrière, nous nous sommes découverts une affinité pour la musique, de bons camarades que nous étions, nous sommes devenus inséparables.

A la première permission, nous avons, chacun de notre côté, ramené notre violon.

A partir de là, votre père n'a laissé échapper aucune occasion de me faire partager sa passion de la musique... une passion qui nous a fait oublier plus d'une fois les grandes misères de la guerre.

Pierre Laffite, soyez en assurée, restera présent dans mes souvenirs jusqu'à la fin de ma vie.

Aurais-je un jour la joie de faire, avec mes petits enfants, le pélerinage du front de 14/18 et de passer par Poix?... Je le souhaite de tout coeur.

Ma femme se joint à moi pour vous prier de partager avec votre mère et tous les votres de bien sincères et bien amicales pensées.

Claude Mignaval

La musique dit-on adoucit les moeurs. Elle a permis à deux soldats de résister malgré les privations, la peur, l'isolement; leur a donné le courage de retourner après chaque permission dans le fracas des bombes, le sifflement des balles affronter leur destin.


Pierre Laffite et Claude Mignaval ont été démobilisés en 1919. Ils ne se sont jamais revus à cause du coût que le voyage aurait entraîné. Toutefois aucun d'eux n'aurait omis d'écrire à l'autre chaque année pendant près de soixante ans. Leur amitié cimentée par le souvenir de tous leurs copains tombés au front était indestructible.

La lettre de Claude MIGNAVAL est un hommage à son ami mais aussi à tous ceux qui ne sont pas rentrés.

Mon grand-père, Pierre, Félix LAFFITE, né le 08 mai 1886 à AMIENS (Somme), est arrivé à POIX à l'âge de 8 ans. Mobilisé le 04 août 1914, il a traversé les années de guerre échappant à la mitraille mais eut les poumons gazés. Les crises d'étouffement étaient particulièrement impressionnantes et angoissantes. Il est décédé d'un cancer le 21 octobre 1978, dans son lit Avenue du général Leclerc. Il était Doyen en âge des Poyais depuis quelques années. Il repose tout à côté du cimetière anglais dans la première allée à gauche de notre cimetière.

Son goût pour la musique ne l'a jamais quitté. Son médecin, le docteur AUBRIOT se servait d'ailleurs du violon comme du plus puissant des médicaments. Il venait en visite avec son instrument et lui disait : "Alors Pépère, un coup de violon ?". La guérison était bien souvent des plus rapide et nous assistions alors, privilégiés, à un concert privé.

mardi 17 mars 2009

14 juillet 1924

Puisée dans les archives familiales, voici une carte postale photographique prise à Poix, le 14 juillet 1924.
Tandis que résonnaient cors et trompettes de la fanfare, des Poyais attablés dégustaient un verre de l'amitié.

Quelques-uns de ces personnages ne sont pas anonymes.

Cheveux blancs, moustaches gauloises, la poitrine chargée de médailles monsieur POIRET, grainetier sur la Place du Marché ocupait à l'époque le rôle de chef de la fanfare.

A gauche, col blanc empesé, monsieur BUQUET. Sa fille Anne-Marie est connue de tous les habitants de Poix et de ses environs. Epouse de Pierre DANIEL, ancien maire et conseiller général du canton de Poix, elle tenait le magasin de "nouveautés" sur la place du 11 novembre (désormais un cabinet d'assurances).

A ses côtés, monsieur DELATTRE dont le fils Jean a été libraire pendant des années Place de la République. La maison de la Presse a été reprise par le couple DELHAYE.


Tout à gauche et je suis ravi de le retrouver sur une carte postale, mon grand père, Pierre LAFFITE. Il fut conseiller municipal de Poix au sortir de la grande guerre, mais ce ne fut pas là sa seule contribution à la vie de la cité Poyaise. J'y reviendrai bientôt.

Il existe une variante de cette photo que m'a montré Sébastien de Croixrault. Le plan est légèrement décalé vers la gauche dévoilant un autre personnage près de mon aïeul.

vendredi 13 mars 2009

Ponts et chaussées

Les deux cartes postales qui suivent m'ont été prêtées par une tante. Elles figurent parmi les plus anciennes cartes illustrées de notre bonne ville.

Ils s'agit de deux vues spectaculaires de la démolition du vieux Pont Saint Martin et de sa reconstruction. Documents rares à une époque ou la Place de la République qui s'appelait Place du Marché n'était pas recouverte dans sa totalité.

Une machine à vapeur installée dans une cabane actionnait une longue courroie qui descendait

jusqu'au lit de la rivière. Quelle pouvait être sont utilité ?

On aperçoit une pompe à bras pour puiser l'eau servant à gâcher le mortier.

Cette vue montre qu'au début du XX° siècle la rivière était visible de part et d'autre du pont Saint Martin.

Tous les regards étant tournés vers la place, on peut supposer que le chantier de la carte précédente était déjà ouvert.


On remarque qu'une charcuterie faisait l'angle. Un commerce qui aura perduré un siècle avant de laisser la place à un opticien. Le Café du Centre a depuis longtemps disparu comme la grande majorité des bistrots de la commune.

samedi 7 mars 2009

Documents photographiques du viaduc

Une trouvaille qui m'a emballée ; un lot de photographies en format 13 X 18 du viaduc pendant la reconstruction de 1940.

Elles sont commentées et datées au crayon graphite au verso, ce qui leur confère une valeur historique loin de me déplaire. Pour ceux qui ont la chance d'avoir "Poix il y a 50 ans" de Louis Dailly, elles complètent les pages 8 et 9 de l'ouvrage.


Pour mémoire, le viaduc a été détruit le 06 juin 1940, privant l'Allemagne d'une communication ferrovière directe vers la Normandie. Cette ligne stratégique doit être rapidement remise en fonction. Des travaux de reconstruction sont immédiatement entrepris dans ce but.




Le 14 septembre 1940, soit 3 mois après le dynamitage, les premiers essais du viaduc provisoire ont lieu. (Selon L.Dailly, la locomotive franchit le viaduc à 18 km/heure.)

Le pont provisoire est porté par de lourdes poutrelles métalliques venant de Berlin comme en atteste la mention peinte sur leurs flancs (que l'on aperçoit sur la photo 1 à gauche du tablier).

Le photographe a fait disparaître celle-ci par grattage sur le plan rapproché lors du premier essai (photo 2).
Le 5 février 1941, les travaux de maçonnerie se terminent. Les poutrelles ayant remplacé les 3 arches détruites sont prêtes à être évacuées.



En arrière plan on distingue une guérite reconnaissable aux chevrons peints sur ses flancs. Des soldats Allemands y montaient la garde en permanence.




Le long de la route d'Abbeville, un baraquement de grande taille devait servir de logement aux ouvriers. (Il avait neigé sur Poix en ce début février 1941).

Photos témoignages sorties de l'oubli grâce à internet, elles étaient conservées dans un petit village de l'Aisne entre Laon et Soissons.