mardi 24 mars 2009

Le temps des héros

La Marne, Verdun, L'Aisne et son chemin des Dames, la Somme... dont les combats furent les plus sanglants d'entre tous... Ressortir indemne de toutes ces batailles de quelque côté du Rhin que l'on soit né est quelque chose d'invraisemblable.

Voici une tranche de vie du soldat de première classe Pierre Laffite, menuisier de son état, habitant de Poix; mon grand père.


Son livret militaire stipule dans la rubrique "campagnes" la simple mention """contre l'Allemagne du 4.8.1914 au 29.3.1919; 4 ans 7 mois""". Dans celle des blessures, actions d'éclat, citations : """Cité à l'ordre du Régiment le 12.5.17""" et dans la rubrique Décorations :""" Croix de guerre, étoile de bronze."""

La censure militaire interdisait aux poilus d'informer leurs familles du lieu où ils se trouvaient. Impossible donc de retracer le parcours exact de mon aïeul sur les champs de batailles de 1914 à 1918. Les médailles commémoratives qu'il a obtenues sont désormais les seuls témoins de sa présence au front pendant ces longues années de guerre et du miracle de sa survie qui me vaut aujourd'hui de pouvoir écrire ces lignes.
On sait par exemple que sa première affectation dès sa mobilisation fut le 251° régiment d'infanterie. Au soir du 13 septembre 1914, sa compagnie est réduite à 13 hommes sur 250. Il allait encore tenir quatre ans et demi dans cet enfer.
Son jeune frère André n'eut pas la même chance. Tué en 1916, il est inhumé en Belgique. Il ne fut pas possible de rapatrier son corps. Son nom est gravé sur le monument aux morts de Poix.

La croix de Guerre délivrée aux combattants de la grande guerre. Le ruban vert et rouge indique qu'il s'agit de la guerre de 14-18, l'étoile que son porteur a obtenu une citation (félicitation d'un haut niveau dans l'ordre des récompenses militaires)

La citation obtenue en mai 1917 semble correspondre à l'offensive sur le chemin des Dames où le plan du général Nivelle a fait 200 000 morts dans le camp Français.

C'est suite à cette grande tuerie que ce sont développées les mutineries dans l'armée Française concentrées sur le chemin des Dames et le front de Champagne.

La chanson de Craône (du nom d'une commune située sur le chemin des dames) montre l'exaspération des troupes :

http://www.dailymotion.com/video/x30dzv_chanson-de-craonne_events


Le front de Champagne, il en fut également l'un des acteurs.

L'une des bataille les plus meurtrière, Verdun

163000 morts côté Français, 143 000 côté Allemand. Une bataille si coûteuse en vies humaine pour un résultat militaire nul. 80% des victimes causées par l'artillerie. La survie aux bombardements était la principale occupation des troupes. 70% des "Poilus" sont passés à Verdun par rotation. Un livre d'or comporte le nom de tous les soldats qui ont participé à cette bataille.




En 5 mois la bataille de la Somme aura tué, blessé ou mutilé plus d'un million d'hommes.

Quatre années et sept mois de vie compensées par quelques grammes de bronze à une époque où l'on avait le sens de la Patrie...
Quelques régiments sont passés par Poix où ils étaient mis "au repos" avant de retourner sur les champs de bataille.

Les souterrains de Poix en portent encore les traces gravées dans la craie.


Le graffiti d'Aldophe Courtaux, fanfariste au deuxième bataillon de chasseurs à pied reprend le 13 juin 1916, la déjà célèbre citation du général Pétain figurant sur son ordre du jour du 10 avril 1916 à Verdun " Courage, on les aura !".
Je me souviens des 11 Novembre de mon enfance où les élèves des écoles primaires chantaient sous la direction de monsieur PLANTEGENET, instituteur des CM1 , l'hymne à la joie ou le chant des partisans. Un hommage de la Cité à ses enfants.